Agence
de presse AhlulBayt (ABNA) : Commandant de la Force Qods du Corps des Gardiens
de la révolution islamique (CGRI), Soleimani a acquis un statut presque
légendaire, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Iran.
Sur le plan international, il a joué un rôle crucial dans les conflits en Syrie et en Irak et a été l’un des principaux architectes de la propagation de l’idéologie révolutionnaire iranienne. Il a dirigé ce qu’on appelle l’Axe de la Résistance, une coalition d’États et de groupes non étatiques qui vise à stopper l’expansion de l’influence coloniale et occidentale dans la région.
L'histoire personnelle de Qasem Soleimani est largement connue en Iran. Fils d'un pauvre agriculteur, il a passé ses premières années dans la pauvreté. Dès son plus jeune âge, il a travaillé pour subvenir aux besoins de sa famille et, adolescent, s'est porté volontaire pour défendre les frontières occidentales de l'Iran lors de l'invasion irakienne dans les années 1980. Son courage et ses compétences l'ont amené à gravir rapidement les échelons de l'armée iranienne. Au milieu de la guerre avec l'Irak, qui a duré huit ans, il était déjà l'un des principaux commandants du pays.
Après le conflit, Soleimani s'est concentré sur son travail en tant que commandant de la Force Qods, responsable des opérations du Corps des Gardiens en dehors de l'Iran. Il a fréquemment voyagé à travers le Moyen-Orient (Asie de l'Ouest) pour coordonner et organiser les forces militaires des groupes alliés à l'Iran.
Sa figure est devenue particulièrement populaire parmi les Iraniens lorsque le groupe terroriste Daech a pris le contrôle de la ville irakienne de Mossoul. L'extrême violence de cet événement s'est rapidement répandue dans les médias, suscitant l'inquiétude en Iran quant à la possibilité que les forces de Daech atteignent les frontières occidentales du pays. Soleimani s'est distingué comme le commandant qui a empêché les takfiris (groupes extrémistes qui considèrent les autres musulmans comme des infidèles) d'entrer en Iran, les empêchant ainsi de commettre des atrocités similaires à celles commises en Syrie et en Irak.
Pour de nombreux Iraniens, Soleimani représentait la dualité entre humilité et courage. Élevé dans une région reculée, au visage marqué par la dureté de la vie et à l'apparence rustique, il s'engagea volontairement pour la guerre et devint le symbole des figures héroïques des épopées persanes.
Son rôle dans la défaite de Daech a fait de lui un « héros national » et un « martyr », non seulement pour le peuple iranien, mais aussi pour beaucoup d’autres au Moyen-Orient.
Dans la lettre adressée au dirigeant iranien, Soleimani a détaillé les détails de sa lutte contre Daech et a précisé que le projet de mort représenté par le groupe takfiri n'avait rien à voir avec la construction d'une identité politique basée sur l'islam.
En ce sens, on peut affirmer que le projet islamiste défendu par Soleimani, dans sa tentative d’établir un ordre politico-social basé sur les principes de l’Islam, cherche à surmonter les divisions nationales, ethniques et sectaires. Elle est donc diamétralement opposée au projet promu par Daech. Le prétendu caractère transnational du groupe takfiri était en réalité une stratégie militaire fondée sur une vision d’exclusion, dont le but était d’entraver tout effort visant à surmonter les divisions nationales et sectaires.
D’autre part, le projet de formation d’un État promu par Daech dans certaines parties de la Syrie et de l’Irak, visant à construire une société à partir de zéro, représentait une approche moderniste à des fins politiques et économiques, fondée sur une idéologie d’origine occidentale. En proclamant son califat, le groupe a eu recours à la même logique euro centrique violente et raciste qui a été utilisée dans la création des États-nations modernes, reproduisant en Syrie et en Irak les systèmes de domination et d’oppression typiques du modèle occidental.
D’un autre côté, la réponse iranienne contre Daech, menée par Soleimani, représentait la volonté de construire une identité politique musulmane autonome, non soumise aux intérêts occidentaux.
Dans ce contexte, la lettre écrite par Soleimani au leader de la Révolution islamique continue d’avoir une pertinence politique particulière, puisqu’elle s’oppose à ce que l’on appelle la « nécro politique », terme inventé par le philosophe camerounais Achille Mbembe. Ce concept décrit l'exercice d'un pouvoir qui a la capacité de tuer, par des mesures exceptionnellement brutales, des groupes considérés comme non humains, comme les musulmans, en les soumettant à une logique d'extermination et de déshumanisation.
La lettre de Soleimani et la réponse du leader font partie des archives politiques iraniennes, dont le but principal est de donner la parole aux perspectives autochtones face à la tentative coloniale et nécro politique de les faire taire.
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