10 décembre 2025 - 18:24
Iran: ex-analyste de la CIA — Washington ne peut pas la soumettre

Dans un entretien avec l’Agence de presse AhlulBayt (ABNA), Larry C. Johnson, ancien analyste de la CIA, affirme que les capacités militaires de la République islamique d’Iran sont aujourd’hui « bien plus puissantes » qu’au moment de la guerre de 12 jours et que « les États-Unis n’ont pas la capacité de soumettre militairement l’Iran ». Il qualifie de superficielle la prétendue révision de la politique américaine.

Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Téhéran / Washington — Commentant les aveux récents de responsables américains sur l’échec des politiques d’ingérence visant l’Iran, Johnson estime que les changements annoncés « sont essentiellement rhétoriques ». Il se réfère à la Stratégie de sécurité nationale 2025, qui présente l’Iran comme une « force principale de déstabilisation régionale », tout en prétendant que le pays aurait été fortement affaibli. « Ce double discours ne reflète pas la réalité du terrain », explique-t-il.

Capacités iraniennes plus fortes qu’à l’époque de la guerre de 12 jours

Selon l’ex-analyste de la CIA, ni les capacités balistiques, ni le programme nucléaire pacifique de l’Iran n’ont été réduits. « Les capacités militaires de l’Iran sont aujourd’hui nettement plus robustes qu’au moment de la guerre de 12 jours », affirme Johnson, soulignant la progression technologique dans les missiles, la défense aérienne, les drones et les systèmes de commandement‑contrôle.

Il insiste sur la montée en puissance de la dissuasion iranienne: « Washington n’a pas la capacité de forcer une reddition militaire de l’Iran. Une confrontation directe aurait des coûts immenses et ne garantirait pas la réalisation des objectifs politiques américains. » À ses yeux, le maintien de la pression et des sanctions relève d’une « inertie stratégique » plus que d’un calcul rationnel.

Johnson met également en avant l’effet des coopérations militaires et technico‑industrielles avec la Russie et la Chine, qui, selon lui, ont renforcé la position de l’Iran face aux États-Unis. « Téhéran n’est plus isolé: il s’inscrit dans un réseau de partenariats qui augmente sa résilience et sa marge de manœuvre », note-t-il.

Influence iranienne en Irak et échecs du changement de régime

Abordant le dossier irakien, Johnson souligne que l’influence de l’Iran ne s’est pas amoindrie, mais structurée. Les relations solides avec les groupes chiites et certaines forces de sécurité donnent à Téhéran « un avantage significatif » dans la dynamique politique interne. Il cite notamment les forces du Hachd al‑Chaabi, soutenues par l’Iran, comme des acteurs déterminants dans la désignation du Premier ministre et dans l’orientation de la législation.

Pour l’ancien analyste, l’idée de « faire imploser » un régime en rendant la vie de la population insupportable est une stratégie qui a échoué à maintes reprises, de l’Irak à l’Afghanistan. « Malgré les pressions, l’Iran n’a pas été affaibli au point de céder. Au contraire, il est aujourd’hui reconnu comme un acteur central des évolutions régionales, capable de gérer les défis et de contenir les pressions extérieures », explique-t-il.

En conclusion, Johnson considère que la politique américaine reste, dans son essence, orientée vers le changement de régime, même si ce terme n’est plus toujours explicitement employé. Il rappelle qu’une partie de l’opposition iranienne en exil continue de soutenir cette approche, en misant sur la pression de Washington. « C’est une stratégie irréaliste: ni le calcul militaire ni les réalités régionales ne la valident », tranche-t-il, plaidant pour un abandon de la logique de confrontation au profit d’un dialogue fondé sur le respect mutuel et la reconnaissance du rôle régional de la République islamique d’Iran.

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