10 décembre 2025 - 18:15
États-Unis: expert dénonce la « stratégie stupide » contre l’Iran

Dans un entretien avec l’Agence de presse AhlulBayt (ABNA), William Beeman, universitaire américain et professeur à l’Université du Minnesota, qualifie de « stratégie stupide » la politique de Washington envers la République islamique d’Iran. Il estime mensongère l’affirmation de Tom Barak selon laquelle les États-Unis auraient renoncé au changement de régime à Téhéran.

Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Téhéran / Minneapolis — Dans un entretien accordé au magazine National, Tom Barak, envoyé spécial américain pour la Syrie, a admis que Washington avait, à deux reprises ces dernières années, tenté de changer le système politique en Iran, sans aucun résultat. Il affirme cependant que la politique actuelle des États-Unis « ne se concentre plus sur le changement de régime » et que les différends doivent désormais être réglés via des dialogues régionaux. Ces propos interviennent alors que Donald Trump avait déjà revendiqué son rôle dans la planification des attaques du régime sioniste contre l’Iran.

« Lettre non écrite » de Washington: la pression pour le changement de régime continue

Interrogé par ABNA sur ces déclarations, William Beeman souligne que, dans les faits, la stratégie américaine n’a pas changé. Selon lui, la combinaison de pression économique, sanctions, isolement diplomatique et création de mécontentement social, avec pour objectif final le renversement de la République islamique, est en place « depuis l’ère George W. Bush » et reste défendue par les néoconservateurs et de puissants think tanks américains, malgré son échec répété.

Beeman décrit une « lettre non écrite » de Washington: affaiblir l’économie iranienne, miner la cohésion sociale et présenter toute difficulté interne comme la preuve de l’illégitimité du système, en espérant provoquer une implosion. Il rappelle que cette approche n’a pas atteint ses objectifs et qu’elle a, au contraire, renforcé la méfiance de la société iranienne envers les intentions américaines.

Trump et une « négociation » proche du chantage

L’universitaire conteste également l’idée, avancée par Barak, d’un Trump réellement prêt à une négociation équilibrée avec Téhéran. Il y voit une manœuvre tactique, destinée autant à la scène intérieure américaine qu’à la pression extérieure. D’après Beeman, l’approche de Trump repose sur la contrainte et la mise sous pression maximale, assortie de conditions préalables qui n’ont rien d’un cadre de discussion honnête.

Il cite parmi ces exigences la cessation totale des activités nucléaires pacifiques de l’Iran, le démantèlement des installations, la dissolution du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI) et la rupture du soutien aux mouvements de Résistance dans la région. « Ce ne sont pas des conditions de négociation, ce sont des instruments de changement de régime », résume-t-il, estimant que parler de dialogue dans ces circonstances relève plus du chantage que de la diplomatie.

Échecs répétés des projets de changement de régime

Revenant sur les expériences d’Irak et d’Afghanistan, Beeman affirme que la stratégie consistant à « rendre la vie des populations misérable pour les pousser à renverser leur propre gouvernement » n’a jamais fonctionné comme prévu. Les coûts humains, l’instabilité durable et l’absence de résultats politiques durables illustrent, selon lui, l’échec structurel de ces tentatives.

Il insiste sur le fait que, même si Washington ne déclare plus officiellement une politique de regime change, le désir de voir un changement de système à Téhéran demeure présent dans plusieurs cercles politiques américains. Beeman ajoute qu’une partie des opposants iraniens à l’étranger soutient Trump précisément dans l’espoir d’un tel scénario, malgré les conséquences potentiellement désastreuses pour la population iranienne.

En qualifiant la ligne américaine de « stratégie stupide » face à la République islamique d’Iran, l’universitaire plaide pour un abandon de la logique de pression et pour une approche fondée sur le respect mutuel, la reconnaissance des réalités régionales et la recherche de solutions gagnant‑gagnant, loin des illusions de changement de régime imposé de l’extérieur.

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