27 juillet 2014 - 19:02
 Mosquée d’Évry : les fidèles, otages de l’ « Islam de France »

Le recteur de la Grande mosquée d’Évry depuis 1994, Khalil Merroun, avait pris l’initiative d’inviter le 1er ministre Manuel Valls pour partager la rupture du jeûne, le vendredi 25 juillet dernier.

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : Une initiative plus que contestée dans l’actuel contexte israélo-palestinien, où plusieurs manifestations pro-palestiniennes ont été récemment interdites par le gouvernement français, en vain.
Un dîner aux relents coloniaux

M.Valls, qui commence à être coutumier des mosquées qui lui offrent une tribune politique, n’a cette fois pas demandé à être applaudi. Dans le but évident de récupérer quelques voix électorales pour un Parti socialiste en pleine déconfiture, il a tenté de réfuter l’idée d’un « deux poids deux mesures au détriment des musulmans » dans la position française envers Gaza.

« En partageant ce repas de rupture du jeûne, je veux dire, avec force, que les musulmans de France, c’est la France » a-t-il affirmé, ajoutant « qu’il y a aujourd’hui trop, beaucoup trop de paroles, d’actes qui visent les musulmans de France ». Le premier ministre oubliait sans doute ses propres paroles, lorsqu’il affirmait en 2013 que le voile restait un combat essentiel pour la République.

Des déclarations extrêmement prévisibles qui n’ont pas empêché de nombreux musulmans de se rassembler devant la mosquée d’Évry afin de protester contre la venue de représentants gouvernementaux au sein du lieux de culte. Choqués, ils estiment que l’intervention est teintée d’opportunisme.

« Israël assassin, fasciste ! Valls complice »… Un des nombreux slogans scandés pour l’occasion. « Ce qu’on défend, ce n’est pas les musulmans contre les juifs ou les chrétiens, c’est la vie contre la barbarie. Il y a de l’antisémitisme, c’est vrai. Mais il y a aussi de l’islamophobie et le gouvernement ne lui réserve pas le même traitement », affirme un participant.

Valérie Pécresse, députée des Yvelines et présidente du groupe UMP au conseil régional, s’est jointe à l’invitation sous les huées. Vexée, elle a ensuite déclaré sur Twitter : « Les injures de perturbateurs radicalisés ne reflètent pas le vrai visage de l’islam de France ». La stratégie française est très claire via ce tweet. Les élus crachent régulièrement sur l’Islam et ses croyants, puis s’étonnent ensuite des postillons qui retombent, qualifiant les mauvais élèves républicains de « radicaux ». Tellement simple.

Dehors, un policier discute en apparté avec une poignée de jeunes : « Pour une fois que vous avez la télé avec vous, montrez que vous êtes pacifistes, faites passer le message ». De tout temps, les instructions données aux « indigènes » étaient claires, soyez gentils, soyez calmes, et vous obtiendrez enfin un peu de respect.
L’Islam de France, véritable plaie

Khalil Merroun a eu lui aussi sa part de critiques. Membre du CFCM et récemment décoré de la Légion d’honneur par Manuel Valls lui-même, l’homme ne fait que récidiver dans sa logique républicaine.

En 2003, il affirmait : « Voilà un hadith [il citait « Vous êtes les experts de vos affaires de ce bas monde »] qui nous inscrit complètement et qui nous met à l’aise à l’adhésion du pacte républicain que nous avons signé avec Jean-Pierre Chevènement ». « Navré » de la loi islamophobe qui se préparait alors, il affirmait qu’il fallait choisir le savoir plutôt que le foulard. Il ajoutait par ailleurs soutenir l’association « Ni P*tes Ni Soumises » et que le CFCM était prêt à « descendre dans les quartiers et à les soutenir ».

Tant que des représentants autoproclamés accepteront de mettre en scène un prétendu islam républicain, les fidèles français continueront à être jugés à l’aune de cette distinction.

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