Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Kaboul/Daikundi — Des responsables sanitaires locaux et des comités communautaires signalent que 21 centres de santé primaires ont cessé leurs activités dans plusieurs zones à majorité chiite, notamment dans des provinces comme Daikundi, Bamyan et certaines parties de Ghazni. Dans ces districts montagneux, où l’hôpital de référence se trouve parfois à plusieurs heures de piste, ces centres constituaient le premier et souvent unique point d’accès aux soins de base.
Avec la fermeture, les consultations prénatales et postnatales sont interrompues, les accouchements assistés par sages‑femmes ne sont plus assurés sur place, et les campagnes de vaccination de routine (polio, rougeole, pentavalent) sont suspendues ou drastiquement réduites. Des soignants expliquent que les incitations salariales et une partie des financements de fonctionnement ont été coupés, entraînant le retrait d’infirmières, de sages‑femmes et de vaccinateurs.
Parallèlement, le manque de carburant et d’électricité perturbe la chaîne du froid des vaccins, tandis que les stocks d’antibiotiques, de solutions de réhydratation orale, de sérums, de gants et de seringues sont épuisés. À l’approche de l’hiver, la neige et le verglas rendent les routes impraticables, retardant les transferts en urgence vers les hôpitaux et augmentant le risque de décès maternels et néonatals évitables, ainsi que les complications de maladies infantiles courantes.
Face à cette situation, des comités locaux ont tenté de mettre en place des cliniques mobiles fonctionnant quelques jours par semaine, ciblant prioritairement les femmes enceintes, les nourrissons et les enfants non vaccinés. Mais la couverture reste insuffisante et irrégulière. De nombreuses familles, déjà frappées par la pauvreté et la hausse des prix, renoncent à se déplacer sur de longues distances pour des soins non urgents, ce qui laisse craindre une montée silencieuse des cas de malnutrition, de rougeole et d’infections respiratoires aiguës.
Les acteurs humanitaires appellent à un « pont de financement d’urgence » pour rouvrir les 21 centres fermés, rémunérer à nouveau le personnel (en particulier le personnel féminin, indispensable à l’accès des femmes aux soins), rétablir la chaîne du froid et reconstituer les stocks de médicaments essentiels. Ils insistent sur la neutralité de l’aide et sur la nécessité de garantir un accès sûr et sans entrave aux zones chiites enclavées, en coordination avec les responsables locaux et les structures communautaires.
Dans ces régions, mosquées, husseiniyyas et réseaux de solidarité s’efforcent de combler les manques: collecte de fonds pour des pharmacies sociales, organisation de transports communautaires pour les urgences, hébergement temporaire des patientes près des points de soins encore ouverts. Mais sans reprise rapide et prévisible du soutien international, préviennent les responsables locaux, ces initiatives ne suffiront pas à éviter une dégradation sévère des indicateurs de santé.
La réouverture des 21 centres de santé et la sécurisation de leurs approvisionnements sont ainsi considérées comme des priorités absolues pour protéger la dignité et la vie des communautés chiites des zones reculées d’Afghanistan pendant la saison hivernale.
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