Agence de presse AhlulBayt

la source : Press TV
mardi

11 avril 2017

11:55:07
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Syrie : la Chine se trompe dans ses calculs

Les frappes balistiques du vendredi 7 avril contre la base aérienne de Shayrat dans le nord-ouest de la Syrie n’ont pas influé sur le sommet sino-américain.

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : La Russie s’en sent vexée. Selon la presse russe, Pékin a lâché Moscou dans cette affaire, puisqu’il s’est bien gardé de condamner les frappes.

Le quotidien Nezavisimaya Gazeta publie une analyse à ce sujet et écrit : « Au cours de ses entretiens en Floride avec son homologue chinois Xi Jinping, le président américain Donald Trump l’a bien mis au courant de la frappe américaine contre la Syrie. Mais l’hôte chinois a évité de prendre position. À en croire la presse américaine, le président Jinping aurait même témoigné de la compassion, en disant que la frappe aurait vengé les enfants victimes de l’attaque chimique ».

Au lieu de se focaliser sur le tir des missiles de croisière US contre la base aérienne syrienne, les journaux chinois ont, eux aussi, choisi de consacrer leurs articles aux « aspects positifs » de la visite du président chinois aux États-Unis et, très enthousiastes, ont fait part « du feu vert américain au projet chinois de la route de la soie ».

« Les Américains avaient tout planifié pour que la rencontre entre les deux présidents se déroule dans les meilleures circonstances et ont laissé l’annonce de la “mauvaise nouvelle” pour la fin, mais aux dires du secrétaire d’État US, le président Jingping n’a eu pour toute réaction que de compatir aux douleurs des enfants victimes de la frappe, qui de ce fait deviendrait légitime à ses yeux », explique la Nezavisimaya Gazeta.

Le journal russe évoque ensuite le dossier nord-coréen et écrit : « Selon The New York Times, les États-Unis et la République populaire de Chine seraient aussi tombés d’accord sur le fait que les menaces que fait peser Pyongyang sont entrées dans une nouvelle phase et que, de ce fait, les États-Unis se réserveraient désormais le droit d’agir plus sévèrement. »

La Nezavisimaya Gazeta s’intéresse ensuite au point de presse conjoint Jinping/Trump et au rapport rédigé par l’agence chinoise Xinhua qui a fait part de « l’intention des deux pays de développer leurs coopérations constructives et d’œuvrer pour résoudre les divergences de vues qui les opposent ».

Le journal revient ensuite sur « les accords » que Pékin et Washington auraient conclus sur divers sujets, dont certains sont de la plus haute importance, et reprend les propos de Trump, qui a souligné le délai de 100 jours que se sont donnés Pékin et Washington pour mettre de l’ordre dans leurs liens commerciaux, avec en toile de fond une hausse des « exportations US en direction de la Chine » et « une baisse du déficit de la balance commerciale avec la Chine ».

Et le journal d’ajouter : « Pour toute réaction aux frappes américaines, la Chine a choisi d’appeler les deux parties à la retenue et d’éviter de commettre tout acte qui aggraverait la situation. » À cela s’ajoute la réaction assez tiède du ministère chinois des Affaires étrangères qui a mis une nouvelle fois l’accent sur la nécessité « d’un règlement pacifique de la crise syrienne », tout en soulignant que « la Chine s’oppose à l’usage des armes chimiques ». Ainsi, aucune voix ne s’est-elle fait entendre depuis Pékin pour condamner le tir de 59 missiles US contre la Syrie, alors que les condamnations se sont succédé du côté de l’Iran et même des pays de l’Amérique latine.

Mais le silence de Pékin fait-il l’unanimité en Chine ?

Le journal russe a une réponse nette : en Chine, tout le monde n’est pas d’accord sur le bien-fondé de la ligne qu’adopte Pékin et qui, de toute évidence, consiste à s’éloigner de la Russie. Il en est de même du doyen de la Faculté des relations internationales de Pékin qui affirme à notre journaliste : « Trump a défié l’ordre international, ce qui rend nécessaire l’unité de Pékin et de Moscou. Cette perspective, loin de signifier un retour à la Guerre froide, ne contribuera qu’à renforcer la sécurité dans l’est de l’Asie. Mais il semblerait que le gouvernement chinois ne soit pas d’accord avec cette vision. »

Le spécialiste chinois des relations internationales revient ensuite sur les divergences qui désunissent la Chine et les États-Unis en mer de Chine et qui se poursuivent encore aujourd’hui, et affirme : « Pour le moment, Trump s’est concentré sur ses engagements pour assurer la sécurité du Japon et de la Corée du Sud et la région de l’Asie du Sud-Ouest ne revêt pas trop d’importance pour lui. Mais est-ce une raison pour oublier que les États-Unis ne respectent jamais leurs promesses ni les accords qu’ils concluent avec leurs rivaux ? »

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