Agence de presse AhlulBayt

la source : Infos d’ALAHED
lundi

6 avril 2015

18:42:20
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Accord de Lausanne: Pourquoi l’Iran est le grand gagnant

L'accord-cadre conclu entre l'Iran et les grandes puissances au sujet du dossier nucléaire est une victoire pour la République, un succès pour le président américain Barak Obama et une cuisante défaite pour le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu.

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : L'Iran est le grand vainqueur de l'accord-cadre conclu avec l'Occident sur son dossier nucléaire, après un an et demi d'âpres négociations. Certes, les médias occidentaux tentent de souligner les «importantes concessions» consenties par Téhéran, tout en admettant que l'Iran bénéficiera de cet accord. Ces médias partent du principe que l'objectif de l'Iran était, au final, de fabriquer la bombe atomique, et que l'accord-cadreAccord de Lausanne: Pourquoi l'Iran est le grand gagnant. de Lausanne lui ôte cette possibilité. Mais pour ceux qui connaissent bien les Iraniens, la fabrication de la bombe n'était pas un objectif, surtout que le leader de la Révolution islamique, sayyed Ali Khamenei, avait émis une fatwa estimant que cette arme de destruction massive est prohibée pour des raisons religieuses.

Le but de l'Iran était d'obtenir une reconnaissance internationale de son droit à accéder à la technologie nucléaire à des fins pacifiques, pour les besoins du développement futur du pays. Cela passe inéluctablement par la maîtrise de toutes les étapes de cette technologie, notamment l'enrichissement de l'uranium sur le territoire iranien et par ses propres moyens, chose que l'Occident refusait obstinément pendant 12 ans. Or l'accord de Lausanne reconnait sans ambages à l'Iran ce droit inaliénable. Sur ce point, la République islamique a donc obtenu entière satisfaction, au grand dam de ses ennemis, en tête desquels figurent «Israël» et les extrémistes du Congrès américain. Elle obtient aussi le droit de poursuivre la recherche dans le domaine nucléaire.    

Fabius le fanfaron

A partir de là, les questions relatives au taux d'enrichissement, au nombre de centrifugeuses et au sort de certains réacteurs nucléaires deviennent des détails, du moment que le droit fondamental d'enrichir l'Uranium à des fins pacifiques est reconnu par la communauté internationale.

Dans ce contexte, les commentaires du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ressemblent à des fanfaronnades. «Le nucléaire civil, 100% oui. La bombe atomique, non», a-t-il dit, insistant sur la réduction du nombre de centrifugeuses, «qui passeront de 19000 à un peu plus de 6000 (6014, ndlr), dont 5060 en fonctionnement». M. Fabius a ajouté que la quantité d'uranium en possession de l'Iran passerait de «8 tonnes à 300 kg». «L'uranium ne pourra être enrichi qu'à 3,65% contre 20% auparavant», a-t-il précisé, soit un taux insuffisant pour développer le nucléaire militaire.

Sachant que l'Iran n'avait pas l'intention de fabriquer la bombe atomique, ces propos n'ont plus de réelle valeur et visent à alimenter la propagande occidentale. Nous sommes très loin des objectifs affichés par les pays occidentaux. Au départ, les Etats-Unis réclamaient non moins que le démantèlement du programme nucléaire iranien, avant d'exiger l'arrêt total de l'enrichissement de l'uranium, deux conditions qu'il ont dû abandonner devant la détermination de l'Iran à obtenir ses droits.  

Bénéfices économiques

Le président iranien, cheikh Hassan Rohani, a déclaré, vendredi, qu'un accord global pourrait ouvrir «une nouvelle page» dans les relations de l'Iran avec la communauté internationale. Selon lui, l'accord-cadre conclu jeudi prévoit «de nouvelles coopérations avec le monde, dans le secteur du nucléaire et dans d'autres secteurs», qui «ouvriront une nouvelle page» dans les relations internationales de la République islamique qui a été «mise au ban des nations depuis plusieurs années».

Sur le plan économique d'abord, les sanctions seront levées dès la conclusion de l'accord global, le 30 juin. Les sanctions européennes seront supprimées, et les américaines liées aux activités nucléaires seront suspendues une fois que l'AIEA aura confirmé que l'Iran aura respecté toutes les principales dispositions. Toutes les «sanctions nucléaires» du Conseil de Sécurité de l'Onu seront levées quand l'Iran aura mis en œuvre les principales mesures requises.

L'Iran récupèrera, selon un calendrier qui reste à définir, les 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères. Et jusqu'au 30 juin, il continuera à percevoir les tranches mensuelles prévues par l'accord provisoire conclu en octobre 2013.

Succès pour Obama, défaite pour Netanyahu

L'accord-cadre constitue aussi un succès pour le président américain Barak Obama, qui pourra se vanter d'une réussite sur le plan extérieur au moment où il accumule les difficultés avec la Russie, au Moyen-Orient et en Ukraine. Il pourra même capitaliser sur son accord avec l'Iran pour tenter de s'extraire des bourbiers irakiens, afghans et syrien. Encore faut-il qu'il parvienne à vaincre les réticences de son Congrès, dominé par les Républicains.

Le principal perdant de l'accord de Lausanne est Benyamin Netanyahu, qui a non seulement échoué à bloquer l'accord mais a aussi creusé un fossé entre «Israël» et l'Amérique dont les intérêts sont parfois divergents sur certains dossiers. Il s'est discrédité tant dans la classe politique que dans la population américaines par l'offense faite au président Obama.

Le Premier ministre israélien a affirmé que cet accord ne forçait l'Iran à fermer aucune de ses installations, à ne détruire aucune centrifugeuse ni à arrêter la recherche sur des centrifugeuses plus perfectionnées. «Au contraire, cet accord légitimerait le programme nucléaire illégal de l'Iran. Il permettrait à l'Iran de conserver une vaste infrastructure nucléaire», a-t-il dit, s'alarmant d'une levée «presque immédiate» des sanctions imposées à l'Iran.

Ayant perdu tout repère, Netanyahou a exigé vendredi que tout accord final sur le programme nucléaire de l'Iran comporte la reconnaissance «sans ambiguïté» par la République islamique du «droit à l'existence d'Israël». Encore une demande qui n'a aucune chance d'être concrétisée.

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