Agence de presse AhlulBayt

la source : Parti Anti Sioniste
dimanche

14 juillet 2013

19:30:00
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Interview de Marc George (Média libre) par « PAS L’Info ! »

Marc George, responsable du site d’information « Média libre », est interviewé par le journal « PAS L’Info ! ».

ABNA: Quel bilan faites-vous, un an après l’élection de M. Hollande et de la Gauche ?Il n’y a plus beaucoup de hollandistes. Beaucoup d’antisionistes ont été exaspérés par la politique de Nicolas Sarkozy, par son alignement sur les Etats-Unis et on espéré que François Hollande serait une alternative à la politique de Sarkozy. Beaucoup votaient Hollande par antisionisme. Je fais partie de ceux qui les mettaient en garde et pensaient que Hollande serait pire que Sarkozy, dans tous les domaines. J’observe, avec regret, que je ne me suis pas trompé. En matière de sionisme, le gouvernement de Hollande est allé au moins aussi loin voire plus loin que celui de Sarkozy, sur la question syrienne, Laurent Fabius est allé plus loin qu’Alain Juppé. D’ailleurs, la France se retrouve isolée, puisqu’on voit bien que les Etats-Unis ont levé le pied, ils ont discuté avec les Russes. La France se retrouve seule à l’avant-garde d’une position ultra-belliciste en Syrie.Sur la question du libéralisme et de l’Union européenne, François Hollande avait promis qu’il infléchirait la politique européenne et ferait plier Angela Merkel. Il a fait le contraire et la France est aujourd’hui moins influente qu’elle ne l’était sous Sarkozy. En moins de quelques jours, il a renié tout ce qu’il avait promis.Sur les questions de société, il est pire que Sarkozy. On peut penser que la droite libérale française serait allée, à un moment ou à un autre, vers le mariage gay puisque c’est une tendance lourde dans l’Occident décadent. Mais avec le PS, cela a été encore plus rapide. Le Parti socialiste qui porte mal son nom, qui a échoué sur tous les sujets et ne répond à aucune des attentes des catégories populaires, s’est cru obligé de passer en force, non pour l’égalité des droits, mais contre le droit au mariage traditionnel pour la grande majorité des Français qui y est attachée. Tous ceux qui ont voté Hollande, que ce soit pour des questions sociales ou de politique étrangère, sont déçus. Les seuls à être satisfaits, sont ceux qui souhaitent qu’on aille plus loin dans la décadence des mœurs, dans le « soixante-huitardisme », ce qui n’est pas le cas des catégories populaires.Le mariage gay porte mal son nom puisqu’il concerne deux hommes, ce n’est donc pas un mariage. J’ai été heureux de constater que des associations musulmanes comme Fils de France, le CFCM ou l’UOIF ont manifesté ou appelé à manifester aux côtés des Chrétiens, lors des manifestations massives, durement réprimées contrairement à d’autres manifestations. Le Centre-Zahra avait également manifesté aux côtés des Catholiques, contre les blasphèmes proférés contre Jésus-Christ. Ces échanges entre Musulmans et Chrétiens sont assez nouveaux, d’autant plus que certains milieux catholiques de droite sont traditionnellement islamophobes. Ils ont enfin pu se rendre compte que sur un certain nombre de dossiers, ils pouvaient être côte-à-côte et non pas face-à-face. C’est un des aspects positifs de ce sombre mariage. Il me semble même qu’un débat va être organisé entre Albert Ali et le président de Civitas, qui était pourtant traditionnellement sur des positions assez anti-Islam. C’est vraiment porteur d’espoir, d’ailleurs, si le Centre Zahra ou le PAS étaient présents à la grande manifestation nationale du 26 contre le mariage gay, j’en serais ravi. Je ne sais pas quelle sera la décision de Yahia Gouasmi, mais de ce point de vue-là au moins, ce serait une bonne idée.Comment voyez-vous l’avenir de notre pays avec tout ce que vous venez de nous dire ?J’ai eu l’occasion d’en discuter avec Yahia. J’avais été très marqué par ma visite au Liban que j’avais organisée en 2006, juste après l’agression israélienne contre le Liban et la victoire du Hezbollah. Au cours de ce voyage, j’avais été frappé, lors de ma visite du sud de Beyrouth, qui est le quartier général du Hezbollah, de constater qu’il avait été quasiment rasé mais en même temps, grouillait de vie. Les gens étaient souriants et motivés, images que je ne crois pas possibles en France. C’est ainsi que j’ai découvert le Hezbollah. Je me souviens alors avoir dit à Yahia que le seul modèle politique qui pourrait nous sortir de la nasse c’était ce modèle libanais, souvent présenté comme un contre-modèle à cause des affrontements communautaires, alors que ces affrontements sont largement le fait de luttes entre puissances étrangères qui les instrumentalisent.Ce qui est marquant au Liban et qui n’est pas récent, c’est cette alliance nommée Union patriotique entre le Hezbollah chiite et la Droite nationale catholique libanaise incarnée par le Général Aoun. Le terme patriotique m’est très cher, donc le seul espoir pour la France de demain est un Hezbollah français.Vous avez nommé le Parti Anti Sioniste comme étant le Hezbollah français ?Oui, c’est ce qu’incarne le PAS à mes yeux. Sur le plan légal, je ne sais pas comment cela fonctionne mais dans l’esprit, c’est ce qu’il est. Je rêve de voir émerger, dans un futur proche en France, un authentique Hezbollah français comme le Hezbollah libanais ou le Hezbollah syrien (dont Yahia Gouasmi m’a appris l’existence), qui qu’allie aux forces catholiques françaises. Je pense que cette union des hommes de valeur et des hommes de foi serait susceptible de sortir la France de sa soumission -dans le mauvais sens du terme-.M Gouasmi a lancé à multiples reprises l’appel à l’union entre Chrétiens et Musulmans ?Bien-sûr, cela a toujours été son discours.Entre chiites et sunnites également.Oui, c’est le cas d’ailleurs de Albert Ali qui est sunnite. La situation est assez compliquée en France (pas seulement en France), où on voit une fracture chez les sunnites avec l’influence du Qatar et de l’Arabie saoudite. Cependant, il existe un courant sunnite en France qui n’est pas fanatique et qui n’est pas dans le rejet hystérique du chiisme et qui est favorable à ce que j’appelle le « Front de la foi ». Albert Ali en est un exemple, comme Camel Bechikh, de l’association Fils de France, en est un autre et il y en a d’autres.De plus en plus de Musulmans, notamment de la 2ème génération (jeunes français issus de l’immigration algérienne, tunisienne et marocaine) principalement, mais aussi issus de l’Afrique sub-saharienne musulmane militent dans ce sens, c’est porteur d’espoir.Dans quels domaines militent-ils ?Par exemple, Albert Ali a écrit différents ouvrages et intervient sur différents sites. Camel Bechikh a monté une association et intervient dans divers colloques. Il est récemment intervenu au parti de Dupont-Aignan, « Débout la République ».Sur des sujets de société ?Oui, sur la place de l’Islam en France et sur les relations entre l’Islam et le Christianisme. Il représente un visage nouveau de l’Islam ; les Français qui souvent perçoivent cette religion (pour des raisons qui peuvent se comprendre) comme une religion étrangère, progressivement portent un regard nouveau sur l’Islam en France, ce qui est porteur d’espoir.Avez-vous un appel à faire aux Français sur cette question ?Je pense que les Français sont de plus en plus confrontés aux conséquences de l’idéologie libérale qui est celle de 1968 et de la destruction de toutes les structures traditionnelles que cette révolution « soixante-huitarde » a initié : éclatement de la cellule familiale, destruction de la religion et de la morale traditionnelle. La grande majorité des Français (toutes origines confondues) sont des travailleurs, des chefs de famille qui subissent, au quotidien, les conséquences sociales du libéralisme. Ils voient leurs gamins fumer du shit à 13-14 ans, écouter de la musique violente, etc. Je ne vais pas énumérer tous les symptômes de la dégénérescence de la société française que subissent beaucoup de Français, y compris d’origine immigrée. Je pense que cela les amène à se poser des questions sur le type de société dans lequel ils veulent vivre, et cela peut les amener à reconsidérer le regard qu’ils portent sur la religion, la morale, la famille, la tradition, le mariage, etc.Il y a donc, je pense, un espoir de ce côté-là. En tout cas, au moment où ils prennent ses conséquences en pleine face, c’est le moment de leur montrer qu’il existe une alternative à ce type de société, que ce n’est pas une fatalité et que d’autres choses existent ailleurs. C’est, je pense, ce qu’il faut entreprendre, ce qu’il faut leur montrer.Est-ce que ce sont ces événements qui ont impulsé votre conversion à l’Islam ? Souhaitez-vous nous en parler ?Je pense que Dieu guide qui Il veut, il y a un long processus qui m’a amené à me convertir à l’Islam, je pense qu’il y a de nombreuses raisons. Lorsque je me suis converti, j’ai revu toute ma vie et j’ai eu tendance à percevoir chaque événement de ma vie, depuis la prime enfance, comme étant une sorte de « tarte » pour m’amener à la prise de conscience. J’ai rencontré pas mal de difficultés dans mon enfance, dans ma scolarité, dans ma vie de jeune homme et dans ma vie d’homme : des décès, etc. Disons que ma jeunesse n’a pas été un long fleuve tranquille.Je viens de la gauche, j’étais libertaire, soixante-huitard, athée bien-sûr et j’ai progressivement compris qu’une société avait besoin de règles pour fonctionner. Je l’ai compris parce que j’étais, moi-même, victime de cette absence de règles. Cela m’a amené à abandonner le gauchisme libertaire pour me tourner vers la droite et à être attiré par les valeurs d’ordre, de tradition, de civilisations. Progressivement, j’ai compris par le militantisme, à travers ceux qui prétendaient incarner la civilisation et la morale. J’ai découvert que beaucoup d’entre eux parlaient beaucoup mais pratiquaient fort peu, que notre société était beaucoup plus malade que ce que je croyais et que, peut-être, son problème était bien plus profond.C’est à ce moment que je me suis interrogé sur Dieu, entrecoupé d’expériences. Je parlais tout à l’heure de ma visite au Liban où j’ai vu le Hezbollah dans une situation dramatique, avec le sud Beyrouth rasé et l’espérance, le bonheur, la joie de vivre, l’enthousiasme des gens que je rencontrais, hommes et femmes confondus. Je comparais tout ceci à ce que je pouvais voir de ma propre vie, de mon propre pays et ca m’a amené à m’interroger, je suis devenu croyant, un peu par nécessité au début, parce que je me suis dis que sans Dieu c’était fichu. Ca m’a amené à réfléchir sur Dieu et j’ai fini par être convaincu de son existence. Il y a des signes de Son existence partout et quand on commence à y réfléchir, on est obligé d’y aboutir.Une fois que je suis devenu croyant, il m’a manqué, pendant longtemps, un moyen de rentrer en relation avec Dieu. J’étais croyant intellectuellement mais je ne le vivais pas, j’avais une frustration, j’ai rencontré des Chrétiens principalement, très peu de Musulmans d’ailleurs. Il a fallu des circonstances particulières, des rencontres avec Albert Ali, Kamel Bechikh mais aussi Yahia Gouasmi lors des élections européennes de 2009, je n’étais pas encore converti à cette époque. Ce sont des Musulmans qui avaient un discours nouveau qui m’a interpellé et m’a amené à m’interroger, à me poser des questions et de long en loin, ça c’est imposé comme une évidence. C’est vraiment un tout que je ne regrette pas et je n’en suis qu’au début !Fin/229