Agence de presse AhlulBayt

la source : ABNA
jeudi

15 décembre 2011

20:30:00
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D’un seul coup, j’ai été épris par l’Achoura / Le caractère d’Abbas ibn Ali m’a fasciné

ABNA (service culturel)- Professeur Peter J. Chlkowski, un universitaire américain d’origine polonaise, est spécialiste d’études moyen-orientales et islamiques à l’Université de New York.

Il a obtenu sa licence en 1958 en philologie orientale à l’Université jagellonne de Cracovie en Pologne, son M.A. en Etudes islamiques en 1962 à School of Oriental and African Studies à Londres.  Chlkowski a suivi en outre une formation en arts du spectacle à l’Ecole d’art dramatique de Cracovie.

La majorité de ses recherches pendant les quarante ans passés a été axée sur le chiisme et sur l’évènement de Karbala en particulier, ce qui a donné lieu aux trois livres et plusieurs articles publiés jusqu’à présent.  

-          Chlkowski est actuellement en Iran pour faire sa thèse en Littérature persane, et le journaliste du servie international de l’Agence de Presse FARS en a profité pour avoir une conversation avec lui sur l’histoire de Karbala :

-          Vous êtes l’un des spécialistes occidentaux les plus connus de l’histoire de Muharram et de l’Achoura. Comment  avez-vous été orienté vers ce sujet ?

Au sujet de mon intérêt envers le Muharram et l’Achoura, je devrais vous dire qu’avant de venir en Iran, je n’avais pas de connaissance profonde sur le Muharram, et quand je me suis rendu à la ville de Rasht pour la suite de mes recherches, c’était déjà le mois de Muharram et j’y ai connu la cérémonie de Ta’ziyeh(représentation théâtrale de l’évènement de Karbala).  Cette cérémonie m’a beaucoup touché et j’avoue que j’ai été épris par l’Achoura d’un seul coup le long d’une nuit. Cette représentation m’a beaucoup impressionné, moi qui ai suivi des formations artistiques dans en Pologne. Depuis, je me suis mis à faire des recherches et à écrire sur Ta’ziyeh et le Muharram. Ce spectacle m’avait tellement impressionné que j’ai commencé mes recherches sur l’Achoura dès ce moment-là.   

Ce qui m’a sensibilisé avant tout à l’Achoura et au Muharram - car moi, je ne connaissais pas tellement l’évènement d’Achoura avant -  c’était l’art de Ta’ziyeh. Les rites et la façon de la représentation sont extraordinaires : les personnages citaient leurs dialogues en vers et que les couleurs utilisées distinguaient les bons et les méchants. J’ai fait de nombreuses recherches sur Ta’ziyeh dans les différents pays du monde et j’ai introduit le bilan de mes recherches dans l’un de mes livre.

-          Pourriez-vous nous expliquer l’un des types de la représentation de Ta’ziyeh que vous avez connus dans d’autres pays ?

Au 19e siècle dans la région caraïbe, les Anglais avais des esclaves noirs qu’ils faisaient  travailler dans les champs de cannes et qu’ils étaient exploités ; mais à un moment donné, ces esclaves sont entrés en conflit avec les Anglais et ont refusé d’exercer leur travail qui ne leur signifiait que l’esclavage. Afin de parvenir à compenser le manque de force de travail, les Anglais ont dû faire venir des milliers d’Indiens sur cette région. Ces Indiens qui y avaient été amenés, même s’ils n’étaient pas chiites, ils ont choisi de célébrer l’Achoura afin en tant que moyen de se réunir et aussi de se faire connaitre par les habitants natifs de la région. Cette cérémonie s’est au fur et à mesure enracinée dans cette région et a pris le nom de « Taja », qui était la forme modifiée du mot « Ta’ziyeh ». Lors de cette cérémonie, on organise des Husseiniyeh (lieu de cérémonie d’Achoura) très haut et aux couleurs variées.

-          Comment trouvez-vous l’impact du Muharram sur le peuple iranien ?

Le peuple iranien, et les chiites en général, prennent l’Achoura pour la plus grande catastrophe de l’histoire humaine. En Iran, la culture d’Achoura est présente non seulement dans les cérémonies en Muharram, mais aussi dans les différents aspects de la vie quotidienne. La phrase « Chaque jour est Achoura et chaque lieu est Karbala » a eu une influence très positive sur les soldats iraniens pendant les 8 années de guerre, c’est en effet ce qui les motivait de plus en plus à continuer la bataille. Et cette même culture les a amenés à la victoire. Je ne suis ni musulman ni chiite, mais je suis extrêmement fasciné par cette culture.

 

-          Les recherches que vous faites sur l’Achoura ont-elles une influence sur vous-même également ?

Chaque fois que je reprends l’histoire de Karbala, je suis profondément touché et je les larmes dans les yeux ; mais je ne me suis jamais permis de pleurer, car je suis un chercheur et je n’ai donc pas le droit de me faire emporter par mes sentiments.

 

-          Parmi les caractères de l’événement d’Achoura, lequel d’entre eux vous intéresse le plus ?

Je suis particulièrement fasciné par le caractère d’Abbas ibn Ali. J’ai publié en plus un article sur lui et j’ai ramassé aussi beaucoup de documents sur la cérémonie qui le célèbre.  

 

-          Comment présenteriez-vous le caractère d’Abbas ibn Ali à un Américain ?

Abbas est un guerrier, un revendicateur de la liberté et défenseur  vaillant et intrépide qui protégea Hussein et sa famille.

Abbas est quelqu’un que vous appelez dans la littérature persane un « Pahlavan » (un héros). Il défendit Hussein et sa famille jusqu’au dernier instant de sa vie. Il perd ses bras pendant qu’il est allé chercher de l’eau pour les enfants, et il tien ensuite l’outre par sa bouche, et l’ennemi, lorsqu’il se rend compte de sa persévérance d’Abbas, l’assassine.

 

-          Quel est selon vous la partie la plus chagrinante de l’événement de Karbala ?

 

La soif des enfants dans les tentes et le moment où demande de l’eau à Abbas, ce sont des histoire qui m’ont profondément touché.

 

-          Le peuple iranien a un attachement affectif très fort à Abbas, et il y a de nombreuses cérémonies qui célèbrent Abbas …

Je suis passionné de la cérémonie où l’on fait le vœu pour Abbas. Comme Sofreh Hazrat e Abbas (une cérémonie célébrant Abbas ibn Ali  où l’on sert aussi des repas). J’ai été très attentif à cette cérémonie et j’ai découvert à quel point les femmes iraniennes chiites tiennent à cette tradition ; mais malheureusement, comme cette une cérémonie qui est réservée aux femmes, je n’ai jamais pu y participer. J’ai vous en plus des femmes qui ont fait ce vœu et qui ont été exaucées. Par exemple, il y avait une femme qui ne pouvait pas faire d’enfant, et en faisant ce vœu, elle en a eu.