Agence de presse AhlulBayt

la source : ABNA
vendredi

8 septembre 2023

07:43:09
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Sous le contrôle de la politique étrangère iranienne, le camarade de la Russie en Ukraine ?

Dans la situation politique actuelle de déstabilisation discursive en Occident et sa réponse de « vengeance blanche » à cette déstabilisation, il est intéressant d’analyser les sources politiques utilisées pour exposer publiquement la vision représentée par la République islamique.

Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Cette vision s’inscrit dans une perspective anti-hégémonique qui, avec d’autres, a remis en question le paradigme occidental et la relation considérée comme naturelle entre ce paradigme et l’universel.

Cet article analyse l'entretien accordé il y a quelques jours au journal Ettela'at par le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdolahian. Cet entretien servira également à examiner les fondements discursifs sur lesquels repose la politique étrangère de l’Iran.

Le premier sujet abordé lors de l'entretien était la relation de l'Iran avec les BRICS et son intégration dans ce groupe. Dans ce contexte, le ministre a noté que les membres des BRICS s'appuient sur un certain nombre d'indicateurs pour garantir que l'Iran répond aux exigences du groupe. Selon Amir Abdolahian, les pays membres des BRICS ont prêté attention à des questions telles que les indices d'infrastructure, ainsi que les capacités scientifiques et technologiques. Ils ont également pris en compte d’autres facteurs, tels que les ressources, la taille du pays et sa population.

En plus de considérer les exigences susmentionnées, le ministre a reconnu que la situation en Iran, notamment le régime de sanctions auquel il est confronté, présentait des difficultés particulières. Selon le ministre des Affaires étrangères, les dirigeants des BRICS, grâce à une perspective multilatérale, ont compris que la présence de l'Iran serait mutuellement bénéfique pour les deux parties, même en dépit des sanctions. Le ministre lui-même a mentionné dans l'interview que l'intégration de la République islamique dans les BRICS permettrait d'apporter une réponse commune à la question des sanctions. Cette réponse serait fondée sur la coopération multilatérale et ne serait pas soumise aux diktats de l'unilatéralisme.

Abdolahian a également souligné l'importance de la diplomatie en tant qu'outil politique. Grâce à cette approche diplomatique, le ministre a mentionné que l'Iran avait conclu un accord avec l'Arabie saoudite afin que les deux pays se soutiennent mutuellement dans le processus d'adhésion aux BRICS. Cette incorporation deviendra effective le 1er janvier 2024 et le dossier sera dirigé par Majid Saber, que le ministre considère comme « l'un de nos plus grands atouts » dans le domaine diplomatique.

Il est important de rappeler que les BRICS sont non seulement importants pour l’Iran en termes économiques, mais qu’ils peuvent également générer de nouvelles opportunités politiques dans le cadre du multilatéralisme, ce qui serait très bénéfique pour le pays. En ce sens, Amir Abdolahian a souligné que le monde connaît un changement politique, même si cela n'implique pas nécessairement que « les États-Unis sont en déclin absolu ». Cependant, il a reconnu que sa tentative d’imposer son hégémonie s’affaiblissait.

Cette analyse du ministre iranien des Affaires étrangères s'inscrit dans le discours fondateur de la République islamique, présenté comme un « contre-discours » déployé en opposition à la normativité occidentale.

Concernant l'accord nucléaire, connu sous le nom de JCPOA dans son acronyme anglais, le ministre a clairement indiqué qu'il présentait à la fois des inconvénients et des limites, ainsi que certains avantages. D'une manière générale, cependant, Amir-Abdolahian a noté que le JCPOA « ne garantit pas les intérêts iraniens à long terme ».

Cependant, le ministre a également indiqué que le traité nucléaire n'était pas "complètement exclu". Amir-Abdolahian a expliqué que lors des négociations entre l'Iran et les autres pays signataires du JCPOA, ils étaient sur le point de parvenir à un accord final, mais ils ont été entravés « par les problèmes de l'automne dernier ». Dans l’interview, il a souligné que sans ces « problèmes », un accord aurait été trouvé. Le ministre a également rappelé que les États-Unis et l'UE avaient fait à l'époque une « erreur de calcul » en croyant qu'un changement de régime en Iran était possible. En outre, il a souligné les efforts occidentaux visant à tirer parti de cette situation et à obtenir un changement de régime par des moyens violents.

Le ministre a reconnu qu'il existe actuellement une proposition de médiation de la part du sultan d'Oman et que, suite à cette proposition, des discussions indirectes ont eu lieu avec les États-Unis. Abdolahian a mentionné que dans la diplomatie iranienne, il y a deux questions principales sur la table : premièrement, la libération des fonds iraniens détenus dans des pays tiers, à cet égard, le ministre est sûr que ces fonds iraniens détenus dans des pays intermédiaires seront transférés sur un compte de la Banque centrale iranienne dans deux ou trois semaines et, d'autre part, il y a la question de l'échange de prisonniers avec les États-Unis, que le ministre a qualifié de « geste humanitaire ». Amir Abdolahian a tenu à préciser qu'il n'y a aucun rapport entre les deux questions évoquées.

Selon le ministre lui-même, même si le JCPOA reste une question importante pour l'Iran, cela ne signifie pas que l'ensemble de la politique étrangère du pays devrait être limitée par l'accord nucléaire.

Enfin, les questions de politique internationale ont été abordées dans l'entretien. Tout d'abord, le ministre a réitéré que toutes les accusations selon lesquelles l'Iran fournirait des drones à la Russie dans le cadre de sa guerre contre l'Ukraine étaient « catégoriquement fausses ». Amir Abdolahian a indiqué avoir contacté plusieurs dirigeants européens, ainsi que son homologue ukrainien, pour leur demander de cesser leurs accusations.

La question du rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie saoudite a également été abordée. Le ministre a souligné qu’un golfe Persique plus sûr profiterait à tous, en particulier aux Saoudiens. En outre, il a souligné que l'amélioration des relations avec les pays voisins était un engagement de son gouvernement et qu'ils avaient réalisé des progrès significatifs, comme la résolution de toutes les difficultés avec le Turkménistan, ainsi que le renforcement des relations avec le Koweït et les Émirats arabes unis.

Enfin, Amir Abdolahian a évoqué l'Afghanistan et la nécessité d'un gouvernement inclusif qui représente tous les groupes ethniques du pays. Il a également réitéré que l'Iran n'a pas reconnu le gouvernement taliban, mais a souligné l'importance de résoudre les problèmes qui affectent les deux pays, comme la situation des réfugiés afghans en Iran, les échanges frontaliers et la question du fleuve Helmand.

L’entretien met donc en lumière certains éléments discursifs de la politique étrangère iranienne, notamment en relation avec la recherche d’articulations politiques autonomes qui s’appuient sur une série de significations différentes de celles occidentales. Plus précisément, on peut affirmer que cette vision politique repose sur l’utilisation constante de la diplomatie comme outil de résolution des conflits dans une perspective islamique et oummatique.

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