Agence de presse AhlulBayt

la source : ABNA
vendredi

23 décembre 2022

06:55:41
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La Palestine et son importance pour la communauté islamique

Cela a été la Coupe du monde au Maroc. Les Lions de l'Atlas, nom sous lequel l'équipe nord-africaine est connue, ont réussi à être la première équipe africaine à atteindre les demi-finales d'une Coupe du monde, et ils y sont parvenus après trois victoires mémorables contre trois anciennes puissances coloniales européennes - l’Espagne, Portugal et Belgique-.

Agence de presse AhlulBayt (ABNA) : Les victoires de l'équipe marocaine ont été célébrées de l'Indonésie au Nigeria, en passant par l'Iran, sans oublier les villes européennes qui ont vu leurs populations migrantes, ou deuxième et troisième générations, célébrer les victoires comme les leurs. Sur le terrain, le Maroc a captivé le monde par sa façon de jouer. Une façon de jouer audacieuse, imaginative et amusante. Et en plus de tout cela, le Maroc, l'équipe marocaine, n'a pas oublié un seul instant la Palestine.

Ceci n'est pas un article sur le football. Il s'agit d'un article sur la Palestine, son importance comme symbole politique pour l'Oumma et comment la soi-disant « normalisation » - nom donné au rapprochement en termes politiques, économiques et sécuritaires entre l'entité sioniste et plusieurs pays arabes -, suppose une trahison de la cause palestinienne et une menace pour la stabilité régionale. De même, ce processus dit de « normalisation » attaque, ou veut attaquer, les bases politiques qui rendent possible une identité autonome basée sur l'islam et qui ne suit pas le langage hégémonique de l'Occident. L'entité sioniste, rappelons-le, n'est pas simplement un autre pays qui compose l'Asie occidentale, mais la représentation la plus claire de l'idéologie occidentale et de ses dangers en termes politiques. En tant qu'entité coloniale, elle ne peut être considérée comme un acteur légitime au niveau politique.

La construction de cette identité politique autonome a été et continue d'être l'un des principes fondateurs de la République islamique. L'Iran ne peut pas être compris en termes d'État-nation, mais plutôt comme le foyer politique des musulmans. Il se revendique comme un modèle islamique politico-révolutionnaire qui n'a pas de sens dans les cadres nationaux (le projet de révolution iranienne est un projet oummatique, c'est-à-dire qu'il essaie d'être une référence politique pour tous les musulmans). C'est précisément pour cette raison que le faqih n'est pas considéré comme le chef de l'Iran, mais comme le chef islamique qui représente la possibilité de construire une identité politique musulmane autonome.

Il faut aussi comprendre l'importance que le signifiant « Palestine » a pour la République islamique. Son importance en tant que symbole politique dans le discours articulé par la République islamique elle-même est présente depuis sa création et fait partie de l'argumentation politique de l'imam Khomeiny, son fondateur, depuis avant 1979, l'année de la Révolution. A cet égard, on peut citer le sermon prononcé par Khomeiny dans la ville de Qom en 1963, dans lequel il dénonçait publiquement le régime Pahlavi pour ses relations avec Israël et pour sa trahison de la Palestine. Cette proclamation, qui a conduit à l'arrestation de Khomeiny, est encore aujourd'hui célébrée en Iran comme l'un des discours fondateurs de ce qu'on a fini par appeler la "vision oummatique", c'est-à-dire la vision politique qui considère l'Iran comme un politicien musulman.

L'importance de la Palestine en tant que symbole politique central pour la Oummah est indéniable. Ce symbole est ce qui rend possible la possibilité d'une identité politique articulée autour de la grammaire de l'Islam. La Palestine permet aussi de trouver le politique hors de l'Occident - l'Occident compris non comme un lieu géographique, mais comme une idéologie. Pour cette idéologie, l'islam est vu sous la catégorie de « religion ». Une catégorie supposée universelle mais qui contient une vision coloniale qui vise la dépolitisation de l'Islam. On peut donc dire que l'utilisation du langage de la religion n'est pas seulement un exercice descriptif, mais a plutôt une finalité prescriptive claire. Le but ultime est de réguler l'espace de l'Islam.

C'est à ce stade que l'on peut dire que la Palestine et la République islamique sont liées d'une manière clairement politique : les deux symboles sont des exemples d'identité islamique, une identité insérée dans une généalogie alternative de résistance contre la domination coloniale occidentale qui a sa propre grammaire, une grammaire qui ne peut être exprimée dans la langue occidentale de la libération nationale ou des idéologies apparentées. L'Iran et la Palestine sont des moments d'une lutte anti-hégémonique qui permet aux musulmans de vivre en tant que musulmans dans le monde contemporain.

Pour tout ce qui précède, tout type de « normalisation » avec l'entité sioniste, en plus d'une trahison de la Résistance palestinienne, ferme la porte à une identité autonome qui ne suit pas le langage occidental. Trahir la Palestine est une trahison des aspirations de l'Oumma à l'indépendance et à l'autonomie. Certaines aspirations se sont concrétisées dans la République islamique et sa vision « oummatique ». La République islamique n'est pas seulement le principal soutien de la Résistance palestinienne, c'est aussi la voix politique de cette Ummah.

Les acteurs marocains, en affichant leur soutien à la Palestine, ont rappelé la centralité de la question palestinienne pour l'Oumma, malgré la trahison de leurs propres autorités, et notamment de leur roi Mohamed VI. Ce que cette symbolique met en évidence, c'est que malgré les tentatives de « normaliser » les relations avec l'entité sioniste, cette « normalisation » n'est pas acceptée par la Oummah. En d'autres termes, on peut dire que les efforts pour briser l'unité « oummatique » de certains gouvernants n'ont pas eu l'effet escompté.

Le Maroc a eu le soutien de tout le " musulmans" pour son soutien à la Palestine. Un soutien qui est au cœur du projet politique représenté par la République islamique. Défendre la Palestine, c'est donc défendre la République islamique.

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