Agence de presse AhlulBayt

la source : Parstoday
lundi

13 décembre 2021

16:26:15
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Ankara : "Doha nous a trahi"

La signature de l'accord d'exploration gazière entre le Qatar et Chypre a surpris les médias turcs.

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : Le Qatar et l'île de Chypre se trouvent très éloignés l'un de l'autre sur le plan géographique. Mais maintenant, le terrain est propice pour un rapprochement. Contrairement à ce que pensaient les autorités turques, les rumeurs sur un probable accord entre le Qatar et Chypre se sont réalisées et la signature d'un accord d'exploration gazière entre le Qatar et la République de Chypre a surpris les médias turcs.

Les relations Ankara-Doha ont cette dernière décennie atteint leur paroxysme. Des dizaines de riches qatariens possèdent désormais des entreprises et des biens en Turquie, et la relation d'Erdogan avec l'émir du Qatar, Cheikh Tamim, est incomparable à aucune de ses relations avec les dirigeants des autres pays arabes.

Le président Recep Tayyip Erdogan a toujours qualifié le Qatar de vrai frère de la Turquie. Lors d'une visite au Qatar et dans une base militaire conjointe turco-qatari, Erdogan a déclaré qu'il considérait la sécurité du Qatar comme la sécurité de son propre pays.

Maintenant, les médias turcs réagissent au contrat gazier Qatar-Chypre, le journal Gharar exprime en gros titre la contestation du courant politique Gül-Davutoglu contre la signature de l’accord, en stipulant: « Toi aussi, frère ? ». Le journal Yeni rapporte dans une note intitulée « Notre frère Qatar nous a vendus » remet en cause d’une certaine façon la position de l'équipe d'Erdogan sur les relations avec le Qatar.

Les journaux soulignent également que seulement quelques jours après la visite d'Erdogan à Doha, les Qataris ont procédé à lma signature d'un accord gazier avec Chypre et que le parti de la Justice et du Développement turc au pouvoir ne doit pas rester silencieux à cet égard, puisque que l'exploration de gaz est censée se faire dans une zone contestée à laquelle s’opposent les autorités turques.

Accord gazier Doha-Nicosie, pomme de discorde Doha-Ankara

Malgré l'opposition turque à l'accord, le géant américain ExxonMobil et la société Qatari Energy ont signé vendredi un accord pour explorer le pétrole et le gaz et partager la production sur l'île divisée de Chypre.  De l’avis des experts, l’accord signé entre le Qatar, Chypre et ExxonMobil est très important.

La ministre chypriote de l'Énergie, Natasa Pilides, le PDG de ExxonMobil Cyprus, Varnavas Theodosiou et le directeur Qatar Energy's International Upstream and Exploration, Ali Mana, ont signé l'accord à Nicosie.

Il s'agit du deuxième contrat d'exploration signé par Chypre dans le bloc 5 (zone économique exclusive de Chypre) avec le consortium américano-qatari, qui avait annoncé début 2019 avoir découvert d'énormes réserves de gaz naturel dans le bloc 10. Le consortium prévoit de creuser un puits dans le bloc 10 fin décembre, les résultats devant être annoncés fin février.

Interrogée sur la réaction négative de la Turquie au récent contrat sur le bloc 5, la ministre chypriote de l'Énergie a déclaré : « Notre démarche se conforme au droit international et au droit de la mer et cela a toujours été notre principe. Les travaux de terrain sur le bloc 5 commenceront au second semestre 2022. »

L'accord s’est fait alors que les Turcs ont menacés de bloquer l'exploration pétrolière et gazière d'ExxonMobil au large des côtes de Chypre après que Nicosie a accordé les droits du bloc 5 au géant pétrolier américain.

La semaine dernière, le ministre turc des Affaires étrangères a annoncé qu’Ankara ne permettrait jamais à un pays, une entreprise ou un bateau étranger de lancer des opérations d’exploration des hydrocarbures dans « ses zones maritimes ». Ankara a également précisé qu'il défendrait les droits du pays, qui souhaite que les ressources naturelles découvertes au large des côtes chypriotes lui appartiennent aussi.

« Nous devons répondre »

L'amiral à la retraite Jem Gürdeniz, l’auteur la doctrine de la « Patrie bleue », juge une menace dangereuse le récent accord entre le Qatar et Chypre. Dans ce cadre, il estime donc nécessaire une réaction la plus rapide que possible d’Ankara, sans quoi Ankara doit accepter sa défaite face à la Grèce et Chypre.

 Mais quel est le but du Qatar ?

La Grèce et Chypre se sont, ces dernières années, de plus en plus intéressées aux pays arabes du golfe Persique. Dans ce sens, les responsables des deux pays ont rencontré à plusieurs reprises les autorités saoudiennes et émiraties et ont organisé des exercices conjoints. Dans l'étape suivante, ils se sont approchés de la Jordanie et ont fermé la porte à la Turquie lors du Forum du gaz de la Méditerranée orientale.

Dans le cas où le Qatar décide de se distancier de Chypre et de la Grèce, il n’aura d’autre choix que de céder la concurrence aux autres concurrents arabes de la région et sera, en quelque sorte, mis au quarantaine. Voilà pourquoi malgré ses interactions étroites avec la Turquie, il ne paraît pas renoncer à un privilège précieux comme la présence en Méditerranée orientale. Quoiqu’il en soit, la récente décision du Qatar mettra la Turquie dans une position faible par rapport dans le passé.

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