Agence de presse AhlulBayt

la source : Al-Manar
mercredi

14 octobre 2020

17:58:12
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Pourparlers indirects entre le Liban et Israël: Hezbollah et Amal fustigent l’inclusion des civils dans la délégation libanaise

Le Hezbollah et le Mouvement Amal ont publié, tôt ce mercredi 14 octobre, un communiqué dans lequel ils ont fustigé la présence de personnalités civiles dans la délégation libanaise chargée de négocier la démarcation des frontières maritimes et terrestres avec l’entité sioniste, sous la houlette de l’ONU et en présence des représentants des Etats Unis. Ils ont affirmé que seuls des militaires auraient dû représenter le Liban.

Agence de Nouvelles d'Ahlul Bait (ABNA) : « Cela nuit à la position du Liban et à ses intérêts, porte un coup dur à son rôle, à sa résistance et à sa position arabe, et représente une capitulation face à la logique israélienne qui sollicite une forme quelconque de normalisation », ont-ils dénoncé quelque heures avant la première rencontre qui a eu lieu à Naqoura, au sud du Liban.

Le Président Michel Aoun a décidé d’ajouter deux civils à la délégation libanaise formée de quatre membres. Il s’agit du  président sortant du conseil d’administration de l’Autorité de l’énergie Wisam Chbat et de l’expert des frontières maritimes Najib Masihi. Comportant aussi  le colonel de la marine Mazen Basbous, elle est dirigée par le chef d’état-major adjoint de l’armée libanaise, le brigadier général Bassam Yassin.

Le texte du tandem chiite rappelle que « l’accord-cadre annoncé par le président de la Chambre Nabih Berri concernant la démarcation de la frontière était basé sur l’entente  d’avril 1996 et la résolution 1701 de l’ONU, lesquelles stipulent que seuls les officiers militaires peuvent assister aux réunions périodiques».

Les deux partis ont aussi critiqué « l’augmentation du niveau de la représentation du Liban au sein de la délégation, ainsi que le silence du Liban face au niveau élevé de la représentation de l’entité sioniste, insistant sur la nécessité de ne pas permettre à l’ennemi de prendre une photo souvenir qui rassemble les deux délégations ».

La délégation israélienne est en effet composée de six membres, dont le directeur général du ministère de l’Energie, un conseiller diplomatique du Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef de la direction des Affaires stratégiques de l’armée d’occupation.

Pas de normalisation

Alors qu’Israël évoque des « négociations directes », des responsables libanais assurent quant à eux que les délégations ne se parleront pas. Insistant sur le caractère « technique » –et non politique– des pourparlers.

« Nous ne sommes pas en train de conclure un accord pour reconnaître ‘Israël’, mais nous négocions plutôt pour nous mettre d’accord sur la délimitation des frontières maritimes. Nous ne procéderons pas à la normalisation et nous ne nous entendrons pas sur des accords de paix. Nous nous dirigeons plutôt vers des négociations pour délimiter les frontières et non pour normaliser les relations ou conclure des accords de paix», a assuré le ministre sortant des Affaire étrangères et des Émigrés, Charbel Wehbé.

« Délimiter les frontières est notre devoir et nous ne laisserons pas nos frontières maritimes non définies alors que l’ennemi israélien explore le pétrole et le gaz très près des eaux libanaises » a-t-il ajouté, notant : « nous avons le droit d’explorer du pétrole dans nos eaux territoriales. »

En réponse à une question durant son point de presse, M. Wehbé a souligné que l’équipe libanaise mènera les négociations de façon stricte assurant que « le négociateur libanais sera bien plus féroce lors des négociations que ne le prévoit l’ennemi car le Liban n’a rien à perdre. »

Fin de la première séance des pourparlers

Le Liban et l’entité sioniste ont entamé, ce mercredi, des négociations indirectes pour délimiter les frontières maritimes, dans la perspective de lever les obstacles à la prospection des hydrocarbures. La séance inaugurale des pourparlers a pris fin au bout d’une heure, a rapporté l’agence nationale d’information libanaise ANI.

Les négociations ont débuté vers 10h30 à Naqoura, au Liban-Sud, sur une base frontalière de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), déployée pour surveiller la zone tampon entre les deux parties. L’armée libanaise et les soldats de la Finul ont bloqué les routes menant à la base, tandis que des hélicoptères de la force onusienne survolaient le secteur, a constaté un photographe de l’AFP.

Quelques semaines seulement après des accords de normalisation avec ‘Israël’ signés par les Emirats arabes unis et Bahreïn à la Maison blanche, mais aussi à l’approche de l’élection présidentielle américaine, des observateurs s’interrogent sur la symbolique de ces développements pour le président Donald Trump.

Le Liban a signé son premier contrat d’exploration pour deux blocs avec un consortium international. Mais l’entité sioniste lui dipsute une surface de 860 km2 l’un de ses blocs, dans la zone limitrope du bloc 9 avec les eaux territoriales de la Palestine occupée.

Au-delà du contentieux bilatéral, ces pourparlers interviennent dans un contexte régional de fortes tensions en Méditerranée orientale autour des hydrocarbures et de la délimitation des frontières maritimes.

Le Liban espère délimiter sa frontière maritime dans un « délai raisonnable »

Pour sa part, le chef de la délégation libanaise a indiqué que le Liban espère délimiter sa frontière maritime avec l’entité sioniste dans un « délai raisonnable ».

« Notre réunion du jour marque le coup d’envoi des négociations techniques indirectes », a déclaré le général Bassam Yassine lors de son discours inaugural rendu public par un communiqué de l’armée libanaise.

« Nous espérons que les négociations se dérouleront à un rythme nous permettant de clore ce dossier dans un délai raisonnable », a-t-il ajouté.

Et de poursuivre : « Nous espérons que les autres parties s’acquitteront de leurs obligations vis-à-vis du droit international et préserveront la confidentialité des délibérations ».

« La confirmation des procès-verbaux (…) des réunions, tout comme la version finale de la démarcation (des frontières) se fera après validation des autorités politiques libanaises compétentes », a-t-il encore précisé.

Mercredi, la médiation sera assurée par le secrétaire d’Etat adjoint américain pour le Moyen-Orient David Schenker. Le diplomate John Desrocher prendra ensuite la relève.