Agence de presse AhlulBayt

la source : Parstoday
mercredi

16 mars 2022

19:43:15
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Burkina: Paris fait un remake du scénario malien?

Le Burkina Faso veut emboîter le pas au Mali en se concentrant principalement sur le problème de la sécurité. Et certains ne veulent pas que Ouaga suive cette voie. Les attaques se multiplient bizarrement au Burkina Faso et cela ressemble de plus en plus au même plan d’invasion du Mali en 2013.

Actualité en Afrique :

  • Mali : une cour militaire mène une enquête à propos du ciblage de citoyens mauritaniens en territoire malien
  • Guinée : le colonel Mamadi Doumbouya suspend les activités liées à l’exploitation du fer de Simandou
  • La Côte d’Ivoire remporte la première place à la Journée africaine de l’intégration culturelle et scientifique au Sénégal
  • Climat des affaires : le Togo réalise une nouvelle performance (CIAN)

Analyses de la rédaction :

1. Mali/Mauritanie : l’union prime !

Le Mali et la Mauritanie ont décidé d’opter pour l’union plutôt que la division.

Accusées sans preuve par la Minusma de « crimes récurrents » contre des ressortissants mauritaniens, les autorités maliennes ont brisé le silence, mercredi dernier, dans un communiqué.

Décidées à préserver les relations amicales avec le voisin mauritanien, les autorités maliennes ne se sont pas contentées de simples manifestations de regret. Elles ont en outre condamné sans réserve ce qu’elles présentent comme des actes criminels destinés à porter atteinte à l’excellente qualité des relations entre les deux pays. Et de soutenir par ailleurs qu’aucune preuve ne met en évidence la responsabilité de forces armées maliennes (FAMa) « respectueuses » des droits humains et « professionnelles » dans le combat contre le terrorisme. Les autorités de Transition s’engagent néanmoins à rechercher, retrouver et traduire tous les coupables du crime concerné devant les juridictions compétentes.

Bamako et Nouakchott ont marqué un grand pas vers la décrispation de la tension née de la disparition d’une dizaine de mauritaniens dont le Mali a été pointé du doigt suite aux événements tragiques qui ont conduit les 5 et 6 mars 2022, dans la localité de El-Ataye, sur le territoire malien, à la disparition d’un groupe de citoyens mauritaniens. Les deux pays ont décidé d’œuvrer ensemble pour instaurer la sécurité dans cette zone instable comme en témoigne la délégation malienne reçue à Nouakchott.

Une délégation malienne de haut niveau, dirigée par Abdoulaye DIOP, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a effectué, sur instruction de Son Excellence Le Colonel Assimi GOITA, Président de la Transition, chef de l’État du Mali, une visite de travail et d’amitié, à Nouakchott, le 11 et le 12 mars 2022.

Dans le souci, de préserver le vivre ensemble et les relations séculaires de fraternité et de bon voisinage entre les deux pays, les deux Parties ont rappelé la nécessité d’œuvrer ensemble de manière à éviter la survenance d’actes portant atteinte aux biens et à l’intégrité physique des citoyens mauritaniens au Mali.

Au terme des débats et discussions, les deux parties ont décidé de la mise en place des mesures fortes. La décision a été prise au terme d’une visite de deux jours, les 11 et 12 mars, d’une délégation malienne de haut niveau à Nouakchott, conduite par Abdoulaye Diop ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale. Le Mali et la Mauritanie ont créé une mission conjointe pour statuer sur l’assassinat de Mauritaniens.

Dans ce communiqué conjoint publié samedi, les deux parties ont convenu de mettre en place une mission conjointe ad hoc, d’établissement des faits chargés de faire la lumière sur les derniers événements de El Ataye (El Ghattaye) qui entamera son travail dans les meilleurs délais. En outre, les deux parties ont souligné la nécessité d’organiser des patrouilles conjointes le long de la bande frontalière, de partager, dans les meilleurs délais, les résultats de l’enquête diligentée par le gouvernement de la République du Mali relative aux événements du 17 janvier 2022, à Akor, de sanctionner, aussi sévèrement que la législation malienne l’autorise, les auteurs de crimes odieux.

Après l’incident survenu entre le Mali et le voisin mauritanien, les autorités en charge de la défense du territoire national ont adopté des mesures strictes concernant certaines zones du territoire dans le but de sécuriser les populations desdites zones. Outre cette mesure, les deux pays ont décidé d’œuvrer ensemble pour instaurer la sécurité dans cette zone instable comme en témoigne la délégation malienne reçue à Nouakchott.

C’est dans cette dynamique que les autorités militaires du Mali ont décidé, d’interdire strictement toute circulation de personnes civiles dans les zones de la forêt de Wagadou et la forêt de Gringalé, où se déroule l’opération militaire « Maliko » près de la frontière avec la Mauritanie a indiqué, dimanche 13 mars le porte-parole du gouvernement Abdoulaye Maiga.

Selon le même communiqué, l’objectif de cette interdiction de circulation de personnes civiles vise d’une part, à prévenir toute dégradation de l’excellente relation séculaire de bon voisinage entre la Mauritanie et le Mali, et, d’autre part, pour préserver l’intégrité physique, ainsi que les biens des citoyens maliens et mauritaniens, annonçant que les autorités militaires ont décidé d’interdire strictement toute circulation de personnes civiles dans les zones de la forêt de Wagadou et la forêt de Gringalé, où se déroule l’opération militaire Maliko.

Pour rappel, suite aux disparitions de ces citoyens mauritaniens et surtout avec la manipulation médiatique surtout dans les médias occidentaux concernant cette affaire, tous les regards se sont portés sur l’armée malienne qui avait été accusée d’être les auteurs de ces meurtres. L’ambassadeur malien à Nouakchott avait été convoqué le 8 mars courant par la diplomatie mauritanienne.

Le gouvernement du Mali avait pour sa part, rappelé que le professionnalisme des Forces Armées Maliennes (FAMa) qui sont soucieuses du respect des droits humains, comme en attestent notamment l’interpellation, suivie de la libération saine et sauve de 29 Mauritaniens, depuis la fin de l’année dernière, à ce jour.

Par ailleurs, il est important de rappeler également qu’aucune preuve directe n’incrimine les soldats maliens selon le communiqué du gouvernement. Il s’était avéré qu’aucune patrouille militaire des FAMa (Forces Armées Maliennes) n’était présente dans la zone et aux dates indiquées et jusqu’à présent, aucune preuve matérielle ne permet d’incriminer les vaillantes FAMa.

Les discussions ont aussi accouché de mesures préventives d’incidents similaires, qui consistent à veiller à la frontière par des patrouilles conjointes et à partager les informations.

L’objectif de Bamako est bien de ramener la sécurité dans l’ensemble du territoire malien. Il est clair que certaines parties comme la France et la Minusma, qui pour rappel sont présentes depuis pratiquement 10 ans sur le territoire malien et qui essuie des humiliations depuis l’arrivée du nouveau gouvernement malien, n’a pas intérêt à ce que ce processus de sécurisation se fasse trop rapidement sinon, c’est non seulement la capacité de son armée qui serait remise en question, mais également ses objectifs cachés qui seraient dévoilés au grand jour. De plus, depuis janvier, le but de la Communauté internationale est d’isoler le Mali un maximum et cette tentative s’est soldée par un échec cuisant. Il est clair que ces tentatives de saper les relations entre le Mali et la Mauritanie reflète encore une fois une tentative désespérée de vouloir retarder et saper les efforts du Mali, qui veut retrouver pleinement la paix et sa souveraineté.

2. Burkina Faso : remake du scénario malien ?

Le Burkina Faso veut emboîter le pas au Mali en se concentrant principalement sur le problème de la sécurité. Et certains ne veulent pas que Ouaga suive cette voie.

Dans un premier temps, les attaques terroristes ont l’air de se multiplier sur le territoire burkinabé. Au moins sept personnes, dont 4 VDP qui ont décidé de se battre aux côtés de l’armée nationale dans la lutte contre les groupes terroristes au Burkina Faso, ont été tués lundi lors d’une attaque dans le nord du pays, la cinquième en quelques jours dans la région, ont indiqué mardi des sources sécuritaire et locale.

« Des hommes armés ont attaqué dans la matinée de ce lundi des installations de forages (d’eau) à Tonri Oulo », une localité de la commune d’Arbinda, dans la province du Soum, a déclaré à une source sécuritaire.

« Lors du sabotage des installations, ils ont abattu trois civils et blessé trois autres. Quatre éléments des VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), qui ont tenté de contrer les assaillants ont également été tués », portant le bilan à « sept morts », a précisé la même source.

L’attaque a été confirmée par un responsable local. « On a enregistré une dizaine de victimes dont sept décès », a confirmé ce responsable, précisant que « deux autres forages ont été sabotés par les terroristes ».

« Il y a quelques semaines, ils avaient déjà saboté les installations de téléphonie mobile, et maintenant ils tentent d’asphyxier la ville en coupant tout ravitaillement », a estimé cette source.

Ce mode opératoire confirme la stratégie observée ces dernières semaines où des groupes armés terroristes tentent d’occuper des villes du nord et de l’est du pays.

Selon certains analystes, ce mode opératoire consiste à isoler des villes stratégiques en coupant les voies d’accès et de communication. Ces communes servent de base arrière aux terroristes.

Ces derniers jours, plusieurs attaques meurtrières ont frappé la région de Dori, une des principales villes du nord-est du pays, à une centaine de kilomètres d’Arbinda.

Vingt-trois civils et treize gendarmes sont morts dans ces attaques.

Une pression de plus qui pousse le Burkina Faso à ne pas suivre la voie de la sécurisation du territoire à l’instar du Mali.

Asphyxier le pays, pour ainsi dire, faire plier les nouvelles Autorités burkinabés et donc demander rapidement l’aide de l’armée française.

Pour rappel, au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le vendredi, 11 mars 2022 à Ouagadougou, le commandant de la Force Barkhane, le général Laurent Michon, est revenu sur l’actualité du retrait au Mali, en relevant les efforts que l’armée française consent et le prix qu’elle paie dans le cadre de cette lutte contre le terrorisme. Il a, une fois de plus, battu en brèche, cette opinion qui pense que c’est la France qui ravitaille les groupes terroristes en logistique, car évidemment, il n’allait pas accepter cette réalité. Il avait clairement annoncé que Barkhane n’allait pas se redéployer, mais par contre, elle allait seulement se redéployer dans la fameuse « zone des trois frontières » dont l’architecte est le ministère français des Affaires étrangères. Depuis quelques années, cet endroit était déjà destiné à servir de base non seulement à Barkhane, mais également aux groupes terroristes alliés.

Les attentats terroristes vont donc se multiplier au Burkina Faso. La France suit avec attention la situation politique actuelle au Burkina Faso selon son ambassadeur. Pour Luc Hallade, son pays s’alignera sur les décisions des organisations régionales, et la France n’engagera ses forces au Burkina Faso qu’après une demande expresse des nouvelles autorités, mais toujours avec les conditions imposées par Paris, et non les conditions de Ouaga.

Et c’est exactement, ce qu’ils ont fait avec le Mali. Rappelez-vous, c’était déjà le même discours sous la présidence de François Hollande en 2013 lors du début de l’occupation du Mali qui devait faire face à une colonne de terroristes qui descendait vers Bamako. Les Autorités maliennes avaient demandé des frappes aériennes contre cette colonne, mais Paris a insisté pour que Bamako reformule sa demande en incluant le déploiement les troupes terrestres françaises. C’était donc le début de l’occupation française. Et maintenant, c’est avec Ouagadougou que l’Élysée veut remettre ça. D’où la multiplication des attaques terroristes, leur focalisation à prendre des localités stratégiques, former une armée, et descendre vers Ouagadougou pour pousser les autorités burkinabés à formuler officiellement la demande de déploiement de Barkhane sur ces terres. Les Autorités burkinabés veulent pourtant régler le problème en interne. Ouaga compte augmenter ses effectifs dans les rangs de l’armée nationale. Par décret en date du 10 mars 2022, le président de la transition, président du Faso, le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, lance, pour les besoins de la nation, un ordre de mobilisation des anciens militaires au titre de la réserve pendant la période allant du 10 au 18 mars 2022.

« Cette mobilisation concerne les militaires des catégories sous-officiers et militaires du rang admis à la retraite au cours des années 2019, 2020 et 2021 », précise l’article 2 du décret.

Un acte qui répond certainement à la demande de cette partie de l’opinion burkinabée qui, depuis la montée des attaques terroristes, suggère le rappel des soldats admis à la retraite.

Le Burkina Faso mobilise tous ses effectifs pour ne plus rester sur la défensive face aux terroristes, mais passer à l’offensive et éradiquer ce fléau du territoire burkinabé une bonne fois pour toutes. Les Burkinabés ne sont pas vraiment pour une demande d’aide à Barkhane, car tout le monde à bien compris, qu’aucun pays dans le monde, qui a demandé une aide militaire aux occidentaux, ne s’en est jamais sortie indemne.

3. Mali/FAMa : les attaques médiatiques occidentales se succèdent !

Alors que l’actualité relative aux accusations de la Mauritanie contre l’armée malienne de « crimes récurrents » contre ses ressortissants ne s’est pas encore éteinte, un autre épisode à charges vient de s’ouvrir contre les Forces armées maliennes (FAMa), pointées de faire des exécutions sommaires dans un camp situé au centre du pays.

Tout est parti de ces vidéos et photos qui circulaient sur les réseaux sociaux, présentant des dizaines de corps calcinés et entassés les uns sur les autres. « Pour la population locale du cercle Niono dans le centre du pays, les forces armées maliennes sont les responsables », relaient des médias internationaux, comme Le Monde Afrique et RFI. Ces médias vont par la suite pousser de soi-disant investigations auprès de sources locales douteuses, qui confient à leur tour que les Forces armées maliennes (FAMa) sont aidées dans leurs opérations par les mercenaires russes.

Des éléments que réfute l’état-major général des armées du Mali, qui parle, lui, d’une « vidéo montée de toutes pièces » dans l’optique d’une « campagne d’information visant à discréditer les FAMa ».

On se souvient qu’en octobre 2021, l’armée malienne avait également fait l’objet d’accusations portant arrestations arbitraires et exécutions extrajudiciaires dans la localité de Sofara, dans la région de Mopti. Des images et autres vidéos diffusées qui ont, à l’époque, circulé sur les réseaux sociaux en illustration avaient été rejetées par l’armée malienne.

Cette charge est-elle une campagne contre Bamako, comme la perçoivent beaucoup d’observateurs maliens et africains en général, qui voient la montée de l’armée malienne depuis l’annonce suivie du lancement immédiat du processus de démobilisation de Barkhane et de Takuba ? L’offensive est claire et nette, jeter le discrédit sur l’armée malienne et éventuellement en faire un exemple, en sous-entendant que « même si votre armée ramène un bilan positif, nous n’allons jamais le mettre en avant, mais voilà le genre de campagne de désinformation que nous somme capable de lancer. »

Pour certains, la coïncidence de cette actualité de décampement des troupes d’occupation françaises et européennes du Mali est parlante.

Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée le vendredi, 11 mars 2022 à Ouagadougou, le commandant de la Force Barkhane, le général Laurent Michon, est revenu sur l’actualité du retrait au Mali, en relevant les efforts que l’armée française consent et le prix qu’elle paie dans le cadre de cette lutte contre le terrorisme. Il a, une fois de plus, battu en brèche, cette opinion qui pense que c’est la France qui ravitaille les groupes terroristes en logistique.

Cette actualité d’exécutions sommaires, qui se situerait à début mars 2022, arrive aussi à un moment où le Mali et la Mauritanie tentent de résoudre diplomatiquement une tension née de la disparition de ressortissants mauritaniens sur le territoire malien. La Minusma accuse les Forces armées maliennes de « crimes récurrents » contre des ressortissants mauritaniens. Ce qui a valu une convocation par le ministère mauritanien des Affaires étrangères de l’ambassadeur du Mali en poste à Nouakchott pour lui faire part de sa « vive protestation contre les récents actes criminels récurrents perpétrés par les forces régulières maliennes, sur le territoire du Mali, contre des citoyens mauritaniens innocents et sans défense ».

Bamako qui compte sur la Mauritanie pour atténuer les effets des sanctions de la CEDEAO a donc dépêché à Nouakchott, les 11 et 12 mars 2022, une délégation pour résoudre la préoccupation. Les échanges entre les deux parties ont abouti à la mise en place d’une commission d’enquête mixte entre le Mali et la Mauritanie ainsi que des patrouilles conjointes.

Des fronts supplémentaires pour Bamako qui se voit ainsi obligé de déployer communication et diplomatie dans une transition qui attire les intentions inquisitrices de puissances occidentales et des institutions internationales à leur solde, comme notamment la CEDEAO. L’union des pays africains reste la seule issue de ce genre de politique néocolonialiste. Tant que les pays sont soudés entre eux, il est impossible pour les pays occidentaux d’instaurer la division.

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