Agence de presse AhlulBayt

la source : Parstoday
jeudi

3 mars 2022

11:24:06
1235479

Une base navale iranienne au Qatar?

Alors même que le monde se focalise sur l'Ukraine, à quelques milliers de là dans le golfe Persique, il se passe de très stratégiques événements : le Qatar, pays qui abrite l'une des plus grandes bases US au Moyen-Orient, al Udeid et qui veut un tunnel sous-marin construit par l'Iran et le reliant au territoire iranien, entame des négociations pour consolider ses liens côtiers et portuaires avec l'Iran.

Le Qatar serait même prêt à mettre à la disposition de l'Iran une base désaffectée. Une base à quelques pâtées de la Ve flotte et d'al Dhafra à Bahrein et aux Emirats? 

La seizième réunion ordinaire des directeurs de la sécurité côtière et frontalière du Qatar et de la République islamique d’Iran s’est tenue, mercredi 2 mars, à Doha, capitale du Qatar, pour discuter d’un certain nombre de questions liées à la sécurité côtière entre les deux pays, a rapporté l’agence de presse qatarie QNA.

Lors de cette réunion, la délégation partie était présidée par le général de brigade Nasser Jaber Al-Nuaimi, directeur général de la sécurité des côtes et des frontières au ministère qatari de l’Intérieur, tandis que la délégation iranienne était dirigée par le général de brigade Ahmad-Ali Goudarzi, commandant des gardes-frontières de la République islamique d’Iran.

La réunion s’inscrit dans le cadre de l’accord conclu entre le Qatar et la République islamique d’Iran pour des coordinations bilatérales sur les questions liées à la sécurité maritime, la sécurité côtière et frontalière.

En 2019, le Qatar a inauguré l’une de ses plus grandes bases maritimes dans le but de renforcer ses dispositifs de défense de ses frontières, de ses ports et de ses installations pétrolières et gazières.

La base se situe à al-Daayen, sur la côte orientale du Qatar à quelque 30 kilomètres au nord de Doha, face à la côte iranienne. Selon le ministère qatari de l’Intérieur, la base d’al-Daayen a une superficie de 64 hectares.    

Par ailleurs, le PDG de l’Organisation iranienne des ports et de la navigation maritime, Ali-Akbar Safaï, a écrit les détails des trois notes d’entente signées par le Qatar et la République islamique d’Iran.

Ces documents ont été signés lors de la récente visite du président Ebrahim Raïssi à Doha. Ces accords portent sur le projet de la construction d’un tunnel souterrain entre le Qatar et l’Iran au-dessous du golfe Persique qui reliera le port iranien de Dayer (province de Boushehr) au Qatar. Les autres accords sont relatifs à la coopération portuaire et la navigation aérienne.

Ali-Akbar Safaï a ajouté que la construction du tunnel entre l’Iran et le Qatar créera une connexion routière et ferroviaire entre le sud et le nord du golfe Persique, facilitant le transit entre la péninsule arabique d’une part, et la mer Caspienne et la Méditerranée de l’autre.

Les observateurs estiment que la récente visite du président Raïssi à Doha a brisé les obstacles qui existaient depuis une dizaine d’années dans le développement des relations de Téhéran avec son voisin qatari.

Le président iranien est parti lundi 21 février pour le Qatar, alors que la dernière visite de ce genre a été effectuée il y a dix ans. Néanmoins, des échanges diplomatiques ont eu lieu entre les deux pays dès le début de la prise de fonction du gouvernement du président Raïssi parmi lesquels figurent la visite du ministre qatari des Affaires étrangères, Cheikh Mohammed ben Abdul Rahman Thani à Téhéran lors de l’investiture du 13e gouvernement et sa rencontre avec son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian à Téhéran.

Depuis l’indépendance du Qatar en 1971, l’Iran et le Qatar entretiennent des relations amicales basées sur le respect mutuel. Cependant, les relations entre les deux pays ont connu des hauts et des bas au cours des 10 dernières années et sont même devenues froides en raison de la crise syrienne.

Plus tard, le boycott du Qatar en 2017 par certains pays arabes dirigés par l’Arabie saoudite a réchauffé les relations Téhéran-Doha : l’Iran a empêché une crise alimentaire au Qatar en ouvrant au pays son espace aérien. Une mesure qui a également accru le volume des échanges économiques entre les deux pays et a été saluée par l’émir qatari qui a remercié les responsables iraniens lors d’une visite officielle effectuée à Téhéran en janvier 2020.

Le Qatar envisage de jouer un rôle plus sérieux dans la politique régionale et internationale en réchauffant les relations avec Téhéran. Doha a même tenté de jouer un rôle intermédiaire entre l’Iran et les États-Unis, rôle précédemment tenu par Oman. À cet égard, l’émir cheikh Tamim ben Hamad al-Thani s’est entretenu début février à Washington avec le président américain Joe Biden de l’accord sur le nucléaire iranien et de ses efforts pour forger une entente entre l’Iran et les États-Unis.

De plus, le ministre qatari des Affaires étrangères Mohammed ben Abdul Rahman Al Thani s’était déjà rendu à Téhéran le 27 janvier pour s’entretenir avec son homologue iranien. Au cours des réunions, les deux parties ont discuté des développements à Vienne et du possible retour de l’accord nucléaire de 2015, ainsi que des moyens de renforcer les relations entre Téhéran et le Conseil de coopération du golfe Persique.

Par ailleurs, Doha est intéressé par les opportunités d’investissement en Iran : la courte distance de 250 km de frontière maritime entre les deux pays d’une part et le positionnement de l’Iran dans différents corridors de transport d’autre part offrent des conditions appropriées pour développement des échanges et surtout pour une exploitation plus importante de quatre champs pétroliers et gaziers communs. À cet effet, l’Iran pourra être le centre du transport de gaz nord-sud. Plus encore, l’envoi du gaz qatari en Méditerranée et de celui de l’Iran en Irak et en Syrie permettra aux deux pays d’exporter du gaz vers les pays occidentaux qui cherchent à réduire leur dépendance au gaz russe.

En outre, la question de la connexion du réseau électrique des deux pays au moyen de la ligne de transmission maritime était à son tour abordée lors des réunions entre les responsables qataris et la délégation iranienne. Les parties ont discuté de la manière d’utiliser l’électricité excédentaire du Qatar par le biais d’échanges avec des pays comme le Pakistan ou l’Afghanistan et de connecter les réseaux électriques de l’Iran et du Qatar sous la mer afin d’améliorer leur fiabilité, un dossier à l’ordre du jour depuis un an dans les négociations Téhéran-Doha.

Mais face aux coopérations d’Israël avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, les experts estiment que le renforcement des relations Iran-Qatar réduira l’influence des forces sionistes dans les pays arabes du golfe Persique et établira un équilibre dans les relations régionales étant donné que Doha n’a aucun lien avec le régime sioniste.

342/